Né en 1920 à Londres (ROYAUME-UNI) – décédé en 2003 à New York (états-Unis)
John Coplans a d’abord été peintre, pour se tourner ensuite vers des activités de critique d’art – il est un des co-fondateurs en 1962 de la revue Artforum –, puis de direction de musées (The Art Gallery University of California, The Pasadena Art Museum et The Akron Art Museum) et de commissariat d’expositions. Il a aussi été l’auteur de plusieurs monographies d’artistes, notamment sur Andy Warhol ou Ellsworth Kelly.
En coproduction avec Le Point du Jour, centre d’art éditeur à Cherbourg-en-Cotentin, la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris a présenté John Coplans – La vie des formes d’octobre 2021 à janvier 2022, exposition exceptionnelle pour revisiter l’ensemble de l’œuvre de l’artiste et qui a fait l’objet d’une publication avec une anthologie de ses textes.
En 1978, John Coplans décide de reprendre une activité artistique et choisit le médium de la photographie qui représente alors pour lui le seul genre artistique à avoir encore un statut à conquérir dans le monde de l’art.
L’œuvre singulière qui en est issue est constituée d’autoportraits que l’artiste compose à partir de son corps nu. L’idée du corps morcelé s’impose à lui dès la première série de Self-Portraits (1984) et préside à la construction de tous ses autoportraits, exclusivement en noir et blanc.
Après des séries de torses, de genoux ou de pieds, Body Parts [Parties du corps] (2001-2002) témoigne de nouvelles évolutions du travail : le corps de l’artiste mis en morceaux est réassemblé dans des montages organiques dépassant toute réalité (et tout réalisme) des composantes du corps humain.
Caractérisés par l’absence du visage et dépourvus d’indices concernant le contexte de la prise de vue, les autoportraits de John Coplans recherchent une universalité et une objectivité de la représentation du corps.
L’utilisation de la chambre polaroïd de taille 50 x 60 cm, permet la réalisation de photographies de grand format où chaque détail – l’épiderme, les rides, la pilosité, etc. – témoigne du passage du temps.
En exposant au regard du spectateur son corps nu et vieillissant, John Coplans interroge la place et l’image du corps dans les sociétés contemporaines, tout en explorant les possibilités du médium photographique (cadrage, lumière, point de vue).
Si leur construction formelle est inscrite dans la contemporanéité, les autoportraits de John Coplans renvoient également à des pratiques historiques, voire archaïques ou totémiques : des parentés avec la statuaire primitive côtoient certains traits de la peinture abstraite américaine – sérialité, frontalité et fragmentation.