Né en 1937 à Jönköping (Suède) – décédé en 2002 à Paris (France)
Artiste protéiforme, Erik Dietman intègre dans son œuvre la sculpture, la peinture, la vidéo, le dessin et l’écriture.
Ayant commencé à peindre à l’âge de dix ans, puis engagé dans une formation en orfèvrerie entre 1951 et 1952, il fait, en 1953, la rencontre déterminante d’Oyvind Falhström qui vient de publier son manifeste sur la poésie concrète. Objecteur de conscience, Erik Dietman quitte son pays pour la France en 1959. Il fréquente alors les membres du Nouveau Réalisme (Daniel Spoerri), de Fluxus (Robert Filliou, Ben) et noue de nombreuses amitiés (Roland Topor, autre adepte de l’anticonformisme et de la dérision), en se gardant toujours d’adhérer à un quelconque mouvement. Il est également influencé par la littérature (James Joyce, Rabelais) et par deux figures tutélaires de l’art, bien que non revendiquées, Kurt Schwitters et Marcel Duchamp.
En 1964 Erik Dietman a sa première exposition personnelle dans la Galerie Sperone à Turin et avec Vingt années de sueur au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1975 sa première rétrospective dans une institution française. D’autres expositions de l’artiste ont lieu au Moderna Museet à Stockholm (1987), au Stedelijk Museum à Amsterdam (1988) ou au Centre Georges Pompidou (1994). En 2010 ses œuvres sont exposées au Musée d’art moderne à Saint-Étienne dans le cadre de sa rétrospective Erik Dietman : dessin sans regarder. À la fin de sa vie, Erik Dietman est devenu professeur de sculpture à l’Ensba de Paris.
Erik Dietman réalise d’abord les Objets pansés, Objets pensés (1961-1966), des objets, une photo ou un mot, recouverts de sparadrap (« le bronze du pauvre »), entre présence physique et portée psychique, masquant pour mieux dévoiler. Il écrit de vastes rébus composés d’objets (Grand Livre Sterling, Rébus sur les vicissitudes d’une vie, 1966-1976). Depuis la fin des années 70, il s’est également consacré à la représentation en volume, parfois monumentale, de l’éphémère, sans figer le mouvement de la vie dans le bronze ou la pierre qu’il utilise. Dans les années 80, il produit de nombreuses sculptures et jusqu’en 1993, il tire ses Polaroïdioties (polaroïds de « tout et de rien »). Il est aussi un homme d’engagement comme en témoignent certaines œuvres (Kosovo ou Voyage organisé sur l’Adriatique). À partir des années 90, il montre un visage plus inquiet, hanté par la mort et la disparition, révélant une nature profondément romantique.
Au-delà de l’humour, l’œuvre impertinente et truculente d’Erik Dietman a un fort impact esthétique. Hétérogène, elle vise à stimuler intensément le goût pour la curiosité et l’excès. Elle prend sa source dans le mariage de l’exubérance et de l’élémentaire au service d’une forme toujours limitée à son expression essentielle.