Né en 1934 à Borgofranco d’Ivrea (Turin, Italie)
Vit et travaille à Turin
Peintre autodidacte, Giovanni Anselmo décide d’abandonner très tôt les langages artistiques traditionnels suite à la réalisation d’une photographie intitulée Mon ombre projetée vers l’infini au sommet de Stromboli au lever du soleil, réalisée le 16 août 1965. Il déclare à ce propos : « Ma propre personne entra, par l’intermédiaire de l’ombre invisible, en relation avec la lumière, avec l’infini ». Giovanni Anselmo a participé à toutes les expositions collectives de l'Arte Povera, et aussi eu l’honneur d’expositions personnelles dans des musées telles que le Stedelijk Van Abbemuseum d'Eindhoven, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (1985) ou encore au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles (2002). Il a également représenté l'Italie lors de la 44e Biennale de Venise en 1990.
À la faveur de cette expérience qui lui tient lieu de révélation, il commence en 1967 à participer aux activités de l’Arte Povera, mouvement auquel sa pratique est désormais immanquablement rattachée. Ses premières sculptures, exposées à la Galleria Sperone de Turin en 1967, sont réalisées en barre de fer et polystyrène peint et reposent sur un concept d’énergie, car mettant en jeu un équilibre et une tension entre divers éléments. Son travail incorpore peu à peu des matériaux naturels (pierre, bois, fer) qu’il combine avec des matières végétales (éponge, laitue, etc.), s’appuyant autant sur leurs qualités naturelles intrinsèques que sur leur charge symbolique. L’artiste procède par mise en tension d'associations de matières et de masses antagonistes. Une de ses œuvres les plus iconiques, Senso titolo (Struttura che mangia) [Structure qui mange] de 1968, se compose ainsi de deux blocs massifs de granit, de fil de cuivre et d’une laitue ; mise en tension poétique de l’idée d’éternité et de celle d’une vie organique condamnée au flétrissement et à la disparition. L'assemblage se défait lorsque la salade vient irrémédiablement à faner, indiquant alors que l'œuvre existe dans la vie « réelle ». Sa réflexion porte sur l’ordre des choses, les cycles de la nature et plus généralement sur le rapport existentiel entre l’homme et la nature au sein du cosmos. Dans les années 1970, Anselmo opère un remplacement de la matière par le mot, ce qui aurait pu le rapprocher des investigations sur l’art et le langage que menèrent à cette période les représentants de l'art conceptuel de l’autre côté de l’Atlantique. Néanmoins, son travail diffère largement des œuvres linguistiques et tautologiques des conceptualistes, préférant s’intéresser aux frontières entre réel et virtuel. Dans Infinito (1971), l'artiste projette le mot « infinito » sur une paroi sur laquelle celui-ci ne peut être lu. En effet, pour lire ce mot, il faut « aller » jusqu'au point situé à l'infini. Depuis les années 1980, Anselmo développe une série consacrée au concept d’Oltremare [Outremer], où ses œuvres semblent désigner un ailleurs dépassant le cadre de l’art, à la manière d’un prolongement de certaines de ses œuvres séminales, comme Direction (1968), fondées sur l’idée d’orientation et de suggestion d’un territoire dépassant le cadre de l’art.