Né en 1924 à Paris
Décédé en 2018 à paris
Jacques Monory est un des principaux représentants de la Figuration Narrative, qui, si elle ne s’est jamais proclamée comme mouvement, n’en a pas moins fédéré un groupe d’artistes réunis autour d’une vision singulière de la peinture. Son œuvre a été exposée dans d’innombrables galeries et institutions en Europe, à commencer, pour ces dernières, par l’ARC Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1971, puis le Stedelijk Museum d’Amsterdam (1972), le Louisiana Museum de Humlebæk au Danemark (1975), la Kunsthalle de Hambourg (1977).
En 2005, c’est avec Jacques Monory et l’exposition rétrospective Détour. Épisode 1 que le MAC VAL, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, ouvre ses portes au public à Vitry-sur-Seine.
Jacques Monory a également fait l’objet de nombreux films documentaires dès les années 1960-70.
Avant de devenir un membre actif de la Figuration Narrative en 1962, il suit une formation dans une école d’arts appliqués et apprend les métiers de graphiste, fresquiste, peintre et décorateur. Il travaille ensuite dix années chez l’éditeur d’art Robert Delpire qui lui met à disposition une profusion de documents photographiques, qui vont grandement influencer son approche de la peinture. C’est alors en 1964, avec la fameuse exposition Mythologies quotidiennes présentée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, que les artistes de la Figuration Narrative (Bernard Rancillac, Hervé Télémaque, Peter Klasen, Öyvind Fahlström notamment) se révèlent aux yeux du grand public. Ils élaborent une peinture qui entend contester l’hégémonie du Pop Art en proposant une réflexion nouvelle sur l’image contemporaine et les différents canaux qui l’irriguent comme la publicité, la bande dessinée et bien sûr le cinéma. Jacques Monory fixe alors les tenants d’une œuvre qui ne cesse de jouer de la porosité des frontières entre fiction, autobiographie et histoire contemporaine.
Par jeux d’associations et de collages d’images, Monory produit des visions éclatées et fragmentaires du réel dont l’atmosphère emprunte aussi bien à la puissance de figuration du cinéma qu’à la violence du roman noir. Parfois en technicolor mais le plus souvent sur un fond monochrome bleu, Jacques Monory compose ses tableaux comme l’on commettrait un crime dans le meilleur film policier : froidement, méthodiquement, en cherchant à rendre la touche invisible.
Son œuvre est organisée selon des séries, la plus célèbre restant celle des Meurtres de 1968-1969, où, à l’intérieur d’un espace clinique, il livre une vision séquencée et démultipliée de sa propre chute.
Profondément existentialiste, sa peinture traite de vie et de mort, de solitude (série New York, en 1971) et d’attente, et l’artiste se définit lui-même comme un «romantique égaré ». Omniprésente, la couleur bleue crée un filtre onirique et mélancolique qui finit par recouvrir le « roman-photo1 » d’un monde condamné.
Dans cette veine cinématographique, qui s’attarde sur l’esseulement urbain et son imaginaire noctambule, l’œuvre de Monory n’est pas sans rappeler parfois celle d’Edward Hopper - peintre à qui il a du reste rendu hommage par une huile sur toile en 1971.
1 Roman-Photo : nom donné par la Maison Européenne de la Photographie, Paris, à l’exposition qu’elle a consacrée à Jacques Monory en 2008. C’est aussi le titre d’une série de peintures de l’artiste (2006-2008).