Jacques Monory
Meurtre n° 1
1968
de la série Meurtres (1968-69)
Huile sur toile
163 x 391 x 3 cm
Meurtre n°1 (1968), première toile d’une série de vingt-cinq, représente Jacques Monory, contre le bord droit du tableau, en train de se faire tirer dessus par un tueur dont on ne voit que la main tenant un revolver dans le coin inférieur gauche. Dans toutes les toiles de cette série, baignant dans un monochrome bleu électrique, Jacques Monory s’est peint blessé mortellement par des balles de revolver. Inspiré à cette époque par une douloureuse rupture sentimentale, Jacques Monory s’est représenté comme il se sentait alors, assassiné. Il a poursuivi ce travail sur sa rupture dans un court-métrage, Ex (1968).
Dans Meurtre n°1, entre la main du tueur et sa victime, Monory a peint dans un style photographique une rue paisible de banlieue nord-américaine où des enfants jouent sur le trottoir. Mais le tracé de la balle a coupé cette image en deux. En montrant une balle de revolver traversant une vision apparemment idyllique de l’american way of life, Monory met en lumière la violence et le malaise latents dans une telle société. Ce paradoxe du monde occidental moderne, entre le confort d’une cité bien ordonnée et la fascination pour la mort violente, est demeurée jusqu’à ses œuvres les plus récentes l’inspiration principale de Monory.
Comme toujours dans la peinture de Monory, l’effet d’ « arrêt sur image » et de tension du récit est accentué, non seulement par la composition en séquences et le décadrage oblique de la scène - « scène de crime » - mais aussi par le motif récurrent du bandeau noir de masquage, associé à la presse à sensation d’une certaine époque.