Né en 1944 à Berne (Suisse)
Décédé à Berne en 2010
Balthasar Burkhard débute sa carrière dans les années 1960 auprès du photographe et cinéaste Kurt Blum avant de fonder son propre studio. Il réalise alors des reportages et travaille notamment avec Harald Szeemann, illustre directeur d’institutions culturelles et commissaire d’expositions. Lors de leur collaboration en 1969, ce dernier dirige la Kunsthalle de Berne et demande au jeune photographe de documenter la célèbre exposition When Attitudes Become Form.
Sa rencontre avec des artistes et des productions d’avant-garde incite Balthasar Burkhard à produire ses propres œuvres et à s’inscrire aussi dans le champ des arts plastiques. Sa première proposition s’intitule Toiles photographiques (1969) et est le fruit d’une collaboration avec l’artiste suisse Markus Raetz.
Il participe à sa première exposition collective en 1970 au Kunstmuseum de Lucerne. En 1974, il se rend aux États-Unis où il enseigne à l'université de l'Illinois à Chicago (de 1976 à 1978) et monte sa première exposition personnelle.
Balthasar Burkhard retourne en Suisse en 1982, et continue de collaborer avec d’autres artistes et d’exposer largement son œuvre. Il s’installe en France pendant quelques années, durant lesquelles il enseigne à l’École des Beaux-Arts de Nîmes de 1990 à 1992. En 1995, Balthasar Burkhard se réinstalle en Suisse, qu’il ne quitte plus que pour réaliser ses ambitieux projets. Entre 2017 et 2018, une grande rétrospective lui a été consacrée au Museum Folkwang à Essen, à la Fondation suisse pour la photographie et Musée de la photo à Winterthur, et au Museo d'arte della Svizzera italiana à Lugano.
Dès les années 1980, Balthazar Burkhard se consacre à son travail plastique. Il produit dès lors principalement des séries photographiques en noir et blanc de grand format dont les objets sont des fragments du corps humain, la faune et la flore, toujours présentés de manière frontale et dans un cadrage serré. Il peut aussi jouer sur les rapports d’échelle, accentuer les ombres, souligner les qualités abstraites de certains sujets ou procéder à des agrandissements.
La proximité du regard de Balthasar Burkhard, par exemple concentré sur le grain de la peau, permet alors au visiteur d’établir des correspondances immédiates entre le corps humain et les montagnes, les animaux ou les fleurs. Ses images font le lien entre le tout et la partie, l’unité et la fragmentation, et son œuvre, en se fixant parfois sur des détails, vise paradoxalement à les rattacher à la totalité de l’univers sensible dans une démarche encyclopédique.
Par ailleurs, les plis sont un motif récurrent chez Balthasar Burkhard qui peut se focaliser sur les veinures d’une orchidée (L’Orchidée, 1983), sur les veines des bras (Veines, 1991) ou sur la peau fripée d’un rhinocéros (Le Rhinocéros, 1995). L’alternance entre un cadrage volontairement neutre et une lumière extrêmement travaillée – contours émoussés, pénombre pour certains détails et relief des objets – est révélatrice de la capacité de l’artiste à voir et à prendre en compte la part de mystère des choses et à tenter de la lever par l’énumération systématique et la concentration sur les détails.
Au cours des années 1990, Balthasar Burkhard ajoute à ses sujets de recherches les paysages naturels et urbains. Il réalise notamment une série autour des grandes métropoles vues d’hélicoptère ou des panoramas de la Namibie.
Il diversifie les thèmes et les techniques, toujours à la recherche d’une nouvelle manière d’aborder les genres, entre photographie documentaire et approche plasticienne.
Il utilise notammentla technique de l'héliogravure1 qui lui permet de déployer une large gamme de tons et de travailler les jeux de matières.
1 L’héliogravure permet le transfert d'une image sur une plaque de cuivre grâce à une gélatine photosensible. Il s’agit d’un procédé photomécanique ancien, rare et de haute qualité de reproduction, dans lequel les éléments imprimants sont en creux et s'encrent comme des planches gravées en taille-douce.