Né en 1949 à Cambridge (Royaume-Uni)
Vit et travaille à Londres (Royaume-Uni) et New York (États-Unis)
Craigie Horsfield est une figure importante de l’art contemporain britannique dont la pratique se déploie à travers une grande diversité de médiums, de la photographie à la vidéo en passant par le son. Nommé au Turner Prize en 1996, il a notamment été invité lors de la documenta 11 de Cassel en 2002, à la Biennale du Whitney en 2003, ainsi que par des institutions internationales telles que le Stedelijk Museum d’Amsterdam, le Jeu de Paume à Paris ou encore le Museum of Contemporary Art de Sydney.
En 2017, le MASI Lugano consacre à Craigie Horsfield une exposition monographique, Of the Deep Present, en collaboration avec le Centraal Museum d’Utrecht.
Diplômé de la prestigieuse école de Saint Martin's School of Art de Londres en 1972 où il se tourne rapidement vers la photographie, le cinéma et le son, il quitte la Grande-Bretagne pour des raisons politiques la même année. Il part vivre en Pologne pendant sept années et y suit des cours d’art graphique à l’Académie des Arts de Cracovie, ainsi qu’à l’Académie des Sciences puis choisit de devenir DJ.
C’est à partir de 1969 que Craigie Horsfield commence à réaliser des photographies en noir et blanc. Ses clichés – paysages, portraits d’amis ou de proches, nus ou encore scènes d’intérieurs – restent confidentiels pendant une dizaine d’années, Horsfield choisissant de ne les publier qu’à la fin des années 1980. Ses photographies, par leurs grands formats, convoquent la peinture classique et abordent avec patience et délicatesse leurs sujets, comme par exemple Susan Smith. Ashbridge Rd. East London May 1971 (1991) et Joanna Ronikier and Michal Ronikier, Wyspiánskiego 6, Kraków, May 1976 (1988). Bien que l’usage de la lumière semble trahir une volonté de dramatisation, Horsfield décrit bel et bien des lieux et des gens à travers ses titres et manifeste ainsi une authentique intention documentaire. S’il a commencé à travailler à la fin des années 1960, Horsfield n’expose qu’à partir de 1988. La question de la temporalité, ce « temps lent » (en référence à la formule d’ « histoire lente » de l’historien Fernand Braudel) dont il se réclame souvent, est une composante essentielle de sa pratique. Au cours des projets « sociaux » qu’il mène à partir du milieu des années 1990, l’artiste accorde une importance primordiale à la durée de l'observation afin de conférer au contexte et personnes une consistance et une singularité. Cette approche nouvelle se matérialise une première fois lors de son projet La Ciutat de la Gent (1996) mené à Barcelone et qui constitue un pivot décisif dans son travail. Pour évoquer les relations humaines et leurs structures, il fait appel à des économistes, des anthropologues et architectes pour enrichir ses clichés et mêle pour la première fois architecture et urbanisme, théâtre, performance, installation, film et musique au sein d’une même exposition. Il renouvelle cela lors de projets conçus à Gand, en Belgique (The Deurle Conversation, 1996-1997), à Rotterdam (The Rotterdam Conversation: City and Community, 1998) ou encore dans ses films réalisés au cours des projets sociaux d'El Hierro (El Hierro Conversation, 2001-2004).