Née en 1896 à Thorn (Prusse, Empire Fédéral Allemand), aujourd’hui Toruń en Pologne
Décédée en 1990 à Concord (Massachusetts, États-Unis)
Lotte Jacobi (de son vrai nom Johanna Alexandra Jacobi) est une photographe américaine d’origine allemande reconnue pour ses portraits de personnalités des milieux intellectuels et artistiques. Son style, plus humaniste que formaliste, les poses libres et naturelles de ses modèles, font d’elle une grande figure de la photographie de l’entre-deux-guerres. Son travail a été montré dans de nombreuses expositions internationales et figure dans des collections muséales prestigieuses telle que celles du MoMA à New York ou du Centre Pompidou à Paris.
Issue d’une ancienne famille de photographes, Lotte Jacobi commence à faire ses premières photographies à l’âge de douze ans. Elle effectue entre 1912 et 1916 des études de lettres et d’histoire de l’art à l’Académie de Posen (aujourd’hui Poznań en Pologne). Elle travaille un temps en studio avec son père puis fait son entrée à l’Académie de photographie à Munich en 1925. À son retour à Berlin, elle prend la tête du studio familial, spécialisé dans le portrait traditionnel, et commence à collaborer avec la presse et les magazines illustrés. De 1927 à 1935, sa connaissance des milieux artistiques et intellectuels de l’avant-garde lui permet de réaliser une série de portraits limpides et spontanés de personnalités parmi les plus illustres : Thomas Mann, Bertold Brecht, Kurt Weill, Lotte Lenya ou encore László Moholy-Nagy pour n’en citer que quelques-unes. On lui doit également une célèbre photographie de Vassily Kandinsky (Vassily Kandinsky dans le Salon de musique, 1931).
Avec la montée du national-socialisme en Allemagne, Lotte Jacobi, juive et de gauche, décide de s’enfuir et débarque en 1935 aux États-Unis. Elle fonde et dirige un studio à New York jusqu’en 1955 et devient la photographe des célébrités locales et de l’intelligentsia en exil : Albert Einstein dans un portrait fameux à l’Université de Princeton en 1935, Berenice Abbott en 1943, Marc Chagall avec sa fille Ida en 1945, et tant d’autres.
En 1955, elle s’établit à Deering dans le New Hampshire et développe une nouvelle approche du médium photographique, plus expérimentale. La série Photogenics (1955) révèle un nouveau vocabulaire esthétique au contact de matières comme le chiffon ou les étoffes. Ses jeux autour des textures et des lumières sont par ailleurs réalisés sans appareil. C’est à Deering également que Lotte Jacobi ouvre en 1963 une galerie de photographies où elle expose les photographes qu’elle apprécie. Tout en continuant à pratiquer la photographie, elle passe la fin de sa vie à s’intéresser à la politique (notamment contre la guerre du Vietnam), au jardinage et à l’apiculture.