Né en 1935 à Prague (République Tchèque)
Vit et travaille à Prague
Jan Saudek est un photographe tchèque dont l’œuvre controversée a acquis, au fil de la carrière de l’artiste, une considérable renommée mondiale. Son travail a été exposé dans les plus prestigieuses institutions et manifestations internationales telles que l’Art Institute of Chicago (1976), le Centre Georges Pompidou (1984), la Biennale de Venise (2003) et figure également dans d’importantes collections muséales (MoMA, MAMVP, Getty). Saudek n’est qu’un enfant lorsque les Nazis envahissent la Tchécoslovaquie en 1939. Son père Gustav, qui était juif, est déporté au camp de concentration de Theresienstadt Terezín en 1945. Détenus, avec son frère jumeau Karel, au camp d’Auschwitz-Birkenau, les deux adolescents survivent et grandissent les années suivantes au sein du régime communiste.
C’est en 1950 que Jan Saudek commence à s’intéresser à la photographie. En 1952, il débute un travail chez un imprimeur, pour ne le quitter qu’en 1983 afin de se consacrer pleinement à sa carrière de photographe. Après son service militaire au milieu des années 1950 et quelques travaux photographiques évoquant son enfance, la première série importante de Jan Saudek s’attache à dépeindre la vie à Prague, dont les habitants et les lieux emblématiques portent les traces de la Seconde Guerre Mondiale, comme avec Hey Joe (1959). En 1963, il fait la découverte déterminante du catalogue de la mythique exposition Family of Man d’Edward Steichen (MoMA, 1955) et décide d’embrasser sérieusement la carrière de photographe. Il réalise en 1966 sa fameuse photographie intitulée Life, l’image en noir et blanc d’un homme tenant dans ses bras un enfant. Profitant du climat politique plus libéral du Printemps de Prague, Saudek part aux États-Unis en 1969 et trouve chez Hugh Edwards, le chef du département de la photographie de l’Art Institute de Chicago, un appui décisif pour lancer véritablement sa carrière. À son retour à Prague, il est forcé de travailler dans une semi-illégalité, les autorités du pays n’appréciant pas la liberté de ton et de mœurs de ses photographies. Marie no.142 (1973), une photographie en noir en blanc d’une femme se dénudant, annonce les développements futurs de son travail, probablement le pan le plus identifié de son œuvre.
Souvent provocantes, les photographies de Jan Saudek à partir des années 1970 empruntent autant à la peinture classique, au genre du portrait et aux clichés érotiques du XIXe siècle réalisés en studio, qu’elles établissent une œuvre déployant un imaginaire singulier et immédiatement reconnaissable. De New View from My Window (1985) à The Slavic Girl with Her Father (1998) en passant par The Skirmish (1990), ses photographies retouchées, voire coloriées, mettent en scène des femmes nues ou à demi-nues, parfois vêtues de drapés picturaux, dans des intérieurs ou sur des fonds délabrés mais néanmoins élaborés. Preuve de son importance dans le monde de la photographie, Saudek a été honoré du titre de Chevalier des Arts et des Lettres en 1990 et plusieurs films documentaires ont été consacrés à son travail.