Né en 1962 à Bourg-Saint-Maurice (Savoie)
Vit et travaille à paris
Diplômé de l’École des beaux-arts de Lyon et ancien élève de Christian Boltanski, Jean-Jacques Rullier commence à montrer son travail dans les années 1990.
Après une première au Centre d’Arts Plastiques de Saint-Fons en 1992, plusieurs expositions personnelles lui sont rapidement consacrées, notamment Passages au Grand Café de Saint-Nazaire en 2000 ; Les menaces et les protections au Centre d’art contemporain de Pontmain en 2007.
À l’invitation du bild (bureau d’implantation des lignes Digne), en partenariat avec le FRAC PACA, Jean-Jacques Rullier réalise l’exposition Chemins de ronde et châteaux de sable en décembre 2017-février 2018. En 2019, il est invité par le Cairn Centre d’art à Digne-les-Bains. En 2020, il participe à l’exposition collective Des marches, Démarches au FRAC PACA, Marseille.
Jean-Jacques Rullier expose son travail avec Didier Trenet en 2021 à la Chapelle-espace d’art contemporain de Thonon-les-Bains, avec l’exposition Paysages vécus, paysages inventés.
Jean-Rullier enseigne à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris.
Les premières œuvres de Jean-Jacques Rullier proposent un recensement encyclopédique d’objets de la vie quotidienne. Influencé par les pratiques de l’OULIPO (OUvroir de LIttérature POtentielle, groupe littéraire fondé par Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais), l’artiste construit ses œuvres à partir de règles comparables aux contraintes littéraires oulipiennes. Ses œuvres pourraient ainsi être considérées comme le pendant plastique de la démarche littéraire de Georges Perec, qui écrivait en avant-propos de L’Infra-ordinaire (Seuil, 1989) : « Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ? ».
Pour Jean-Jacques Rullier : « Ce besoin de règles vient aussi sans doute de l’impression que j’ai eue à un moment donné de ne plus rien savoir, d’avoir perdu les évidences, de ne plus pouvoir me satisfaire de nos façons de penser acquises. Je crois qu’il y a à la base de mon travail cette volonté de réapprentissage, en reprenant les choses littéralement à zéro1 ».
Récupération d’objets quotidiens, ordonnance répétitive de ceux-ci et module logique d’organisation donné dans le titre, telle est la règle en trois points qui préside à l’élaboration des œuvres de Jean-Jacques Rullier. Il utilise des matériaux, des images et des décors du quotidien le plus trivial : pièces de la maison, papier peint, devantures des petits commerces qu’il photographie, outils, posters, verres, assiettes et coquetiers, rues, bancs publics. Tout cela se range facilement dans des boîtes, se classe ou se plie. Ces matériaux ne sont plus alors des objets, mais deviennent des outils de visualisation de l’ordinaire invisible, et donc des outils de compréhension de l’organisation du monde.
Cette méthode de travail n'est pas sans parenté avec la taxinomie du XVIIIe siècle qui repose sur les mêmes procédés d'inventaire et de classification. Les classements de Jean-Jacques Rullier ne sont cependant pas établis a priori, mais se construisent tout au long de la collecte. La mise en évidence des similitudes et des différences entre les objets du même ensemble s’établit alors de manière empirique.
À partir de 1993, l’artiste fait du dessin sa pratique artistique dominante. Il procède, comme pour les objets, à des inventaires. Il relève les détails et les situations d’espaces quotidiens et d'actions banales pour en faire des images archétypales. Il transcrit par là des expériences humaines communes au plus grand nombre telles que les promenades ou les rêves (comme le recueil La Bibliothèque des Rêves, œuvre sous forme de site Web initié en 1998).
Son goût pour les rites et traditions populaires, pour l'étude des comportements humains, se double d'une dimension spirituelle, mais s'il s'intéresse aussi aux âges de la vie et à l'aspect éventuellement divinatoire de l'existence, c'est toujours sur un mode distancié et ludique (Le Jeu de la Vie, produit par la Maison du Livre de l'Image et du Son de Villeurbanne en 1993).
Jean-Jacques Rullier intègre également ses nombreux voyages à ses œuvres : revenu d’Israël, de Corée du Sud ou d’Inde, il dessine des lieux de culte, des fêtes religieuses, des coutumes ou des scènes de rue. Le travail dépasse alors l’appréhension du monde à travers des contraintes préétablies pour se tourner vers la restitution des fruits d’une expérience acquise de manière nomade et dynamique.
Oscillant entre le dessin d’illustration et les planches anatomiques, ses œuvres mêlent récits de voyages, études thématiques minutieuses, explorations visionnaires et rêveries. Constituée sur un mode encyclopédiste, la démarche de Jean-Jacques Rullier est à la frange entre cartographie, poésie et anthropologie.
1Jean-Jacques Rullier, entretien avec Nicolas Bourriaud, catalogue Jean-Jacques Rullier, Centre d’Arts Plastiques de Saint-Fons, 1992.