Né en 1943 à Mons (Belgique)
Vit et travaille à Paris (France)
Né en 1943 à Mons, Ernest T. est le pseudonyme choisi par un artiste français pour œuvrer, en tout anonymat, à une entreprise conceptuelle et ironique de démythification du milieu de l’art contemporain et de ses us et coutumes. Se déployant sous divers formats et médiums et n’hésitant pas parfois à plagier allègrement des œuvres célèbres, sa pratique se fonde sur une critique féroce et humoristique tout autant qu’elle s’inscrit dans une perspective historique et sociologique.
Ernest T. est également membre du collectif d’artistes Taroop & Glabel depuis 1990.
Ses œuvres ont notamment été exposées au MAMCO à Genève, au FRAC Limousin à Limoges, au Centre Pompidou à Paris ainsi qu’à l’École des Beaux-Arts de Bourges.
Étant donné sa volonté d’opérer de manière anonyme au sein du milieu de l’art, il n’est donc pas possible de connaître sa formation, tout juste sait-on que son pseudonyme provient d’un personnage fictionnel, Ernest T. Bass, apparaissant dans le programme comique The Andy Griffith Show diffusé à la télévision américaine dans les années 1960.
Si Ernest T. ne prend sa décision d’être artiste qu’à partir de 1983, avec la création de son pseudonyme, on trouve néanmoins la trace de nombreux travaux à l’humour décapant dès les années 1960. Ses « péchés de jeunesse » comme il aime à les appeler comprennent des pochoirs (L’homme au miroir, vers 1965), des dessins d’enfants (L’araignée, vers 1965) ou encore ses premiers aplats colorés sur des pages de journaux (Le Nouvel Observateur 24 Avril 1982, 1982). C’est précisément en intervenant dans des encarts publicitaires à l’intérieur des pages de journaux de la presse artistique comme Flash Art France, Artpress ou encore Artforum entre décembre 1985 et janvier 1988 que l’artiste se fait connaître. Nommés Cloaca Maxima, il s’agissait de sélections irrévérencieuses d’articles de presses et de citations sélectionnées par l’artiste en lien avec les artistes et le milieu de l’art.
Au cours des années 1980, Ernest T. commence à réaliser sa fameuse série de
« peintures nulles », envisagées comme le degré zéro de la peinture. En réaction au phénomène de starification des artistes durant la décennie et estimant que désormais n’importe que la signature et non la création artistique, Ernest T. produit, dans un geste critique et hautement ironique, des peintures uniquement régies par un principe d’accumulation de sa signature sur l’ensemble de la surface de la toile (Grande composition, 1986). Ces combinaisons narcissiques de T aux trois couleurs primaires, qu’il produit encore aujourd’hui, s’intègrent également à des saynètes décalées moquant les processus de légitimation de l’art et autres comportements sociaux de ce milieu avec par exemple La signature! Où ça la signature? (1990). Plus discret au cours des décennies suivantes mais néanmoins toujours actif, s’intéressant plusieurs années à la figure du Douanier Rousseau dont il collectionne l’œuvre, Ernest T. continue par ses détournements, plagiats et autres appropriations à remettre en question certaines notions centrales de l’art contemporain et de son milieu comme l'originalité, la valeur de l’œuvre et le marché de l’art.