Jacques-Ernest Bulloz
Tête de la douleur
1907
Tirage original
Marbre taillé par Rodin sur une commande de la glyptothèque de Copenhague en 1907
Tirage sur papier baryté au gélatino-argentique
65 x 55 cm
34,3 x 26 cm
Les deux photographies de Jacques-Ernest Bulloz de la Tête de la douleur (1907) d’Auguste Rodin fournissent un parfait exemple des exigences en termes de représentation photographique que le sculpteur souhaitait de ses œuvres. Rodin a en effet souvent reproché à la photographie d’imposer un point de vue unique ne rendant pas assez justice à son travail : « Je fais des modelés rond de bosse et alors la photo ne prend qu’un quart du sujet qui ne se comprend pas ». Il semble donc qu’ici Bulloz ait cherché à satisfaire les désirs du maître en s’employant à tourner autour de la sculpture pour en montrer différents points de vue ainsi qu’à animer le fond d’un subtil drapé. Apparue vers 1882 dans La Porte de l’Enfer, cette figure hante l’œuvre de Rodin. Afin d’en restituer au mieux la force expressive, Bulloz a effectué un travail admirable sur la lumière en plongeant sur l’une des photographies une moitié du visage dans une semi-pénombre. Afin de traduire au mieux les volumes de la sculpture, il travaille avec deux sources lumineuses (l’une provenant d’une fenêtre de l’atelier, l’autre d’un réflecteur) et parvient à les colorer aux moyens de teintes parfois sépia, verte ou bleue et ce, grâce à un procédé photographique pigmentaire, le tirage au charbon.