Né en 1858 à Paris (France), décédé en 1942 à Paris
Né en 1858, Jacques-Ernest Bulloz est un photographe et éditeur français spécialisé dans le domaine de l’art et de la muséographie. En tant que chargé de mission par le ministère de l'Instruction publique, il a photographié et publié quantité de monuments et de collections muséographiques dont le Trésor d'art flamand de Belgique et a continué l'inventaire photographique de l'art en France. Davantage qu’un simple praticien de la photographie institutionnelle, il a aussi théorisé sa fonction dans plusieurs ouvrages de vulgarisation (notamment La Photographie dans les musées, universités, collèges aux États-Unis paru en 1893) et donné de nombreuses conférences illustrées par des vues lumineuses. Soucieux de diffuser à grande échelle l’œuvre des plus grands artistes au travers d’albums et de catalogues, il se tourne également et naturellement vers l’édition de cartes postales, média idéal de vulgarisation.
Ardent défenseur du patrimoine, il est aussi particulièrement attentif à l’art de son temps, et reste désormais célèbre comme ayant été le photographe attitré de Claude Monet et surtout d’Auguste Rodin. En effet, à partir de 1903 (suite au départ d’Eugène Druet, le photographe attitré de ce dernier, parti ouvrir une galerie d’art) et jusqu’en 1917 (année de la mort de Rodin), il devient le plus proche collaborateur du sculpteur qui trouve en celui qui dirigea une maison d’édition photographique à Paris depuis 1896 la personne adéquate pour gérer les droits de reproduction de ses photographies dans le monde entier. Il lui fait alors signer un contrat d’exclusivité dans lequel figurent ses exigences. Bulloz est ainsi le premier à réaliser l’anthologie complète des sculptures du maître, des clichés que ce dernier envoie à l’étranger afin de convaincre de potentiels clients. Bulloz, bon technicien et gestionnaire rigoureux, répond parfaitement aux attentes de Rodin qui lui confie au fur et à mesure, en plus de son travail de photographe toute la gestion administrative de la diffusion des photographies, même celles réalisées par d’autres photographes comme Haweis et Coles. Il arrive néanmoins que Bulloz s’écarte des directives précises de Rodin concernant l’éclairage, les fonds et les angles de prise de vue ; et si ses libertés entraînent parfois quelques désaccords esthétiques, elles parviennent à insuffler à ses œuvres une nouvelle et riche interprétation. Outre ses diverses activités artistiques et éditoriales qui lui valent d’être nommé officier de la Légion d’honneur en 1931, Bulloz est aussi engagé sur le terrain de vie politique locale en occupant les fonctions d’adjoint au maire du 6e arrondissement de Paris et devient même maire de ce même arrondissement à partir de 1936.