Giulio Paolini
Casa di Lucrezio
1981-1982
Œuvre en 3 dimensions, installation
Moulages et fragments de moulages de plâtre, soie noire et grise, 4 socles peints en blanc
L’œuvre Casa di Lucrezio [Maison de Lucrèce] est une installation de Giulio Paolini datée de 1981-1982. Elle est composée de moulages et de fragments de moulages de plâtre, de soies noire et grise ainsi que de quatre socles peints en blanc. L’artiste a par ailleurs réalisé sept versions différentes de cette œuvre entre 1981 et 1984, selon un principe de dédoublement des bustes passant de deux à huit. Comme souvent dans son travail, Paolini emprunte à l’Antiquité classique sa statuaire et sa richesse tant philosophique que mythologique. L’œuvre fait référence au poète latin Lucrèce (env. 98-55 avant J.-C.), célèbre pour son poème en six chants intitulé De Rerum Natura [De la nature]. Tentative de révélation de la nature du monde et des phénomènes naturels, son poème appelle aussi avec ferveur à l’avènement de la lumière dans une République romaine menacée, car traversée par une crise morale et politique profonde. Réduite à quatre socles, jonchée de fragments de bustes éparpillés au sol, l’installation découle du symbole du labyrinthe : « […] Dans La Maison de Lucrèce il constitue le point de départ physique de l’œuvre. Je suis parti d’un fragment de plaque en relief, dessin de labyrinthe, qui se trouvait sur un des murs de la maison de Lucrèce à Pompéi. J’ai reproduit quatre fois ce fragment en plâtre, chacun des quatre fragments révélant quatre faces différentes du visage du poète1 ». La référence au génie constructeur Dédale permet à l’artiste de mener une réflexion poétique autour de l’image du poète et de l’artiste, tandis que la référence à Pompéi évoque quant à elle l’Antiquité, son vocabulaire esthétique et ses fondements théoriques pour l’histoire de l’art.
1 Catherine Grenier, « Giulio Paolini », Flash Art n° 2, février 1984, p. 40-41.