Giulio Paolini
Del bello intelligibile, parte quarta "Inedito"
1978 - 1982
32 sérigraphies sur papier encadrées et accrochées au mur
Sérigraphie sur papier, cadre en bois doré
Dimension globale : 1200 cm
34 x 24 cm (x 32)
Del bello intelligibile, parte quarta « Inedito » est la quatrième partie d’un cycle qui en comporte cinq et qui pourrait, selon l’artiste, en comporter plus.
« Dans la première partie, la série Le Titre fait référence à une technique (la gravure sur cuivre) ; dans la seconde, les noms des auteurs sont identifiables au thème (l’autoportrait) ; dans la troisième, la suite de dates forme l’arc d’une époque (le XVIIe siècle) ; dans la quatrième, la liste de textes correspond à la mesure d’un parcours (une bibliographie) ; enfin, dans la cinquième, l’ensemble des lieux définit le destin des images (le musée)1 ».
Le principe général de chaque partie est d’être constituée d’images elles-mêmes constituées d’un ensemble d’images, le nombre d’images de cet ensemble déterminant le nombre d’images de la partie et chaque image portant le nom d’une des images de l’ensemble : ainsi, dans la série Melencolia I, par exemple, 36 images sont constituées elles-mêmes de 36 images de peintures d’autoportraits (du XVe au XIXe siècles) et chaque image de la série porte le nom d’un des peintres dont l’autoportrait est présent parmi les 36 sélectionnés. La première partie, intitulée E che dirò del fulgore dell’oro ? [Que dirai-je de l’éclat de l’or ?], est composée avec les images qui illustrent le Catalogue général des estampes tirées des cuivres gravés appartenant à la Chalcographie nationale (Libreria dello Stato, Rome, 1953) ; la seconde, Melencolia I, est une série de 36 images de 36 autoportraits ; la troisième Le Quattro stagioni [Les Quatre saisons] est construite comme un répertoire chronologique de la peinture du XVIIe siècle en 92 tableaux ; la cinquième, Museuminsel [L’Île des musées], est composée de 91 images de 91 musées du monde.
Quant à la quatrième, Inedito [Inédit], œuvre de la Collection de l'IAC, elle est constituée de 32 images de 32 références bibliographiques tirées de l'ouvrage Arti figurative e linguaggio (Rimini-Firenze, Guaraldi, Florence, 1977) ; le titre Inédit vient d’une des références.
Del bello intelligibile reprend la formule de Plotin : « Le beau intelligible ». L’accrochage variable de la pièce ajoute à la notion d’ouverture sur l’in(dé)fini inhérente à l’œuvre : en frise sur le mur, supportée par des colonnes dessinées, prolongée par des dessins, ou disposée sur quatre murs d’une pièce avec d’autres cadres tracés jusqu’à recouvrir l’intégralité des murs.
Dans « Visibilité du général, une description de Del bello intelligibile, œuvre de Giulio Paolini » (Revue Pratiques, École régionale des beaux-arts de Rennes, n°2, automne 1996), Erich Franz « s’attaque aux paradoxes de ce travail où le visible se volatilise, où l'œuvre se décompose en ses composantes, où la lecture devient circulaire. L'œuvre d'art conquiert une forme, idéale, immaculée, intangible. Del bello intelligibile porte sur la perte qui affecte les œuvres, par exemple dans la série des Portraits, elles perdent leur caractère de portrait, dans celle des thèmes théoriques, leur substance théorique. Ce qui s'est soustrait à la visibilité existe sur le mode du possible. L'œuvre est particulièrement une œuvre sur le musée et sur sa vanité en tant que « Temple de l'art ». Les antinomies de Del bello intelligibile, sa structure qui n'a pas de limites, les sauts et déplacements de la perception débouchent sur un paradoxe absolu : celui de la visibilité vis-à-vis de la beauté absolue, "intelligible". Giulio Paolini dit de ce travail qu'il « est comme une utopie qui sait qu'elle en est une...2 ».
1 Trad. en français d’un extrait de l’avant-propos au catalogue des œuvres, Giulio Paolini : Del bello intelligibile, Kunsthalle Bielefeld, 1982, p. 25.
2 Extrait du résumé proposé par la revue Pratiques, École régionale des beaux-arts de Rennes, n° 2, automne 1996.