Bernard Bazile
Boîte ouverte de Piero Manzoni
1989
Métal, coton, papier
hauteur: 10 cm
diamètre: 6,5 cm
S.N. sur le couvercle à l'encre noire : Piero Manzoni / N°5
La "boîte" est une Merda d'artista (1961) de Piero Manzoni
Oeuvre déposée dans la collection en 2006 par Rudy Ricciotti
En 1989, Bernard Bazile décide de s’attaquer à une œuvre emblématique du XXe siècle, la Merda d’artista (1961) de Piero Manzoni. L'artiste italien réalisa une série de 90 boîtes, chacune contenant, selon l'étiquette, « 30 grammes de merde d'artiste conservée au naturel ». Chacune des boîtes fut vendue au prix du cours de l’or. À la demande de l’artiste français, son galeriste, Roger Pailhas, acheta la boîte qui appartenait à Ben pour permettre à Bazile de réaliser une performance: ouvrir en public la fameuse boîte. Il n’était pas question de profaner l’icône mais de la « réinvestir », de « ré-engager le dialogue ». Aucun mystère ne fut élucidé puisqu’à l’instar des poupées russes, une seconde boîte, plus petite (en italien, scatolina), se trouvait à l’intérieur du réceptacle. Seul le prix du « multiple » devenu unique, fut multiplié par deux.
Plus tard, Bernard Bazile enquête sur les propriétaires de l’œuvre et réalise une cinquantaine d’entretiens sur les motivations des collectionneurs, institutionnels ou privés (Alfred Pacquement, Pierre Huber ou encore Lila et Gilbert Silverman). « Dans quelles circonstances et à quel prix avez-vous acheté la boîte ? Quel sens lui donnez-vous ? Qu’y a-t-il à l’intérieur de la boîte ? Pensez-vous vous en séparer un jour ? ».
À travers cette œuvre clé d’une attitude artistique des plus radicales, c’est la valeur et la nature de l’art qui sont mises en perspective, confrontant l’économique et le symbolique dans le marché de l’art et la société.