Né en 1952 à Meymac (France)
Vit et travaille à Paris (france)
Sans préférence de médium, Bernard Bazile pratique la photographie, la vidéo, la sculpture, la performance ou l’installation et expose depuis 1978. Son travail est imprégné de préoccupations d’ordre social et résulte d’une analyse de la période charnière de la fin des années 70 où d’un côté l’art conceptuel a remplacé l’objet au bénéfice de l’idée, et où, d’un autre côté, on observe le retour de la figuration expressionniste. Bernard Bazile, en réaction à cette double vague, développe ses recherches autour de la notion d’espace public et d’espace publicitaire, en abordant d’un pas de côté, la question du réflexe pavlovien et du conditionnement de l’individu. Il explique qu’il se préoccupe de questions qui concernent le « champ de l'expérience afin de rendre visible, perceptible et raisonnable l'état actuel du malaise et de l'insécurité ». Il se tient en état de « vigilance » face aux pouvoirs et au système des valeurs. Il ajoute « un milieu tire son autorité de ces discours. Moi, je les vérifie1 ».
Au tout début des années 1980, Bazile met son travail à l’épreuve d’autres terrains que la galerie ou l’institution, et investit le métro, le terrain vague, l’appartement bourgeois. Il travaille ensuite, de 1983 à 1987, en collaboration avec l'artiste Bustamante sous le nom de BazileBustamante. C’est à ce moment qu’ils formulent de nombreuses critiques sur la question de l’enseignement, du goût et de l’autorité, avec le nécessaire retour à l’objet et son détournement.
L'exposition de Bernard Bazile It's o.k. to say no! au Centre Georges Pompidou, Paris, en 1993 regroupe des œuvres de diverses natures – sérigraphies, vidéos, « tableaux-vivants», etc. – et présente toutes les facettes du travail de l’artiste dans ses composantes critiques et référentielles multidirectionnelles. On a pu, par exemple, y découvrir : une boîte de Merda d'artista (1961) de Piero Manzoni ouverte par Bernard Bazile et placée face à un mur recouvert de coupures de presse témoignant entre autres des réactions à l’exposition rétrospective de Manzoni à la Galerie nationale d’art moderne de Rome en 1971 ; la représentation d'une fellation en surimpression sur un tableau de Boucher, prétexte au jeu de mot du titre L'Odeur de la pipe ; des tableaux en moquette – une manière pour l’artiste de s’éloigner de la peinture – reproduisant des livres d’éducation pour enfants intitulés It's O.K. to Say No! L’exposition proposait également des femmes nues vivantes allongées sur des peaux de bêtes, promues au rang d’œuvres d’art et offertes au regard des spectateurs : les Mel Ramos. Ces Mel Ramos sont des citations d’œuvres d’artistes antérieurs mais font également référence à des tableaux de l’artiste pop Mel Ramos, dont les pin up sont ici remplacées par les modèles vivants du peintre.
En 2004, Bernard Bazile a présenté, à l’Institut d’art contemporain à Villeurbanne, l’exposition Une mesure pour tous, issue d’une enquête avec entretiens filmés auprès des collectionneurs privés et institutionnels d’Europe et des États-Unis de Merda d’artista [boîtes de merde] de l’artiste italien Piero Manzoni. Une publication a été réalisée, conçue par l’artiste et éditée par Images en Manœuvres.
1 Entretien avec Catherine Millet, Artpress, n° 241, décembre 1998.