Bernard Bazile
Les Propriétaires de "Boîte de Merde"
1999-2003
4 film projections in 4 different languages (French, Italian, English and German)
En 1989, Bernard Bazile décide de s’attaquer à une œuvre emblématique du XXe siècle, la Merda d’artista (1961) de Piero Manzoni. L'artiste italien réalisa une série de 90 boîtes, chacune contenant, selon l'étiquette, « 30 grammes de merde d'artiste conservée au naturel ». Chacune des boîtes fut vendue au prix du cours de l’or. À la demande de l’artiste français, son galeriste, Roger Pailhas, acheta la boîte qui appartenait à Ben pour permettre à Bazile de réaliser une performance: ouvrir en public la fameuse boîte. Il n’était pas question de profaner l’icône mais de la « réinvestir », de « ré-engager le dialogue ». Aucun mystère ne fut élucidé puisqu’à l’instar des poupées russes, une seconde boîte, plus petite (en italien, scatolina), se trouvait à l’intérieur du réceptacle. Seul le prix du « multiple » devenu unique, fut multiplié par deux.
Plus tard, Bernard Bazile enquête sur les propriétaires de l’œuvre et réalise une cinquantaine d’entretiens sur les motivations des collectionneurs, institutionnels ou privés (Alfred Pacquement, Pierre Huber ou encore Lila et Gilbert Silverman). « Dans quelles circonstances et à quel prix avez-vous acheté la boîte ? Quel sens lui donnez-vous ? Qu’y a-t-il à l’intérieur de la boîte ? Pensez-vous vous en séparer un jour ? ».
L’Institut d’art contemporain présente en 2004 l’exposition Bernard Bazile : Une mesure pour tous après avoir acquis l’œuvre Les Propriétaires de "Boîte de Merde" (1999-2003) constituée de quatre projections numériques simultanées en quatre langues différentes (français, italien, anglais et allemand).
À travers cette œuvre clé d’une attitude artistique des plus radicales, c’est la valeur et la nature de l’art qui sont mises en perspective, confrontant l’économique et le symbolique dans le marché de l’art et la société.