Alain Séchas
Suicide
1991
Polyptyque de 9 éléments
Neuf sérigraphies sur PVC
La suite de dessins Suicide fait penser à un flip book : de page en page (ici «d’étage en étage »), l’action se déroule comme dans un petit film d’animation. Nous assistons à la chute décomposée d’un homme qui se jette du toit d’un immeuble pour s’écraser plus bas dans une mort inévitable. Drôle de suicide, en vérité. Un homme se jette d’un immeuble une arme à la main, non pas pour la retourner contre lui, mais pour supprimer, dans sa descente, tous les habitants de l’immeuble, et ce, dans toutes sortes de positions, ce qui produit un effet comique : avant de s’écraser au sol, l’homme réalise pendant son parcours à grande vitesse d’invraisemblables figures d’acrobatie pour viser ses voisins avec la plus grande précision.
Le style de Séchas s’apparente ici au dessin de caricature, imprécis dans les détails et dont la force réside dans l’expression « rapide » de situations. Il suffit d’un rien pour dessiner une table ou un être humain – un pistolet même. Contrairement au dessin de bande dessinée qui recherche une certaine sophistication stylistique, l’intérêt de la caricature est ailleurs : dans tout ce qui est dit en quelques coups de crayon. Séchas dit aussi de ses dessins qu’ils sont comme des arrêts sur image ou que le dessin peut avoir l’efficacité d’une photographie – dans l’indexation efficace du réel que les deux permettent sur des modes pourtant très différents.