Il y a là (1)

Il y a là (1) est une photographie d’Anne-Marie Jugnet datée de 1992. C’est un tirage sur papier baryté où est inscrite avec de petits caractères la courte phrase : « Il y a là ». L’œuvre prend place au sein d’un triptyque avec Il y a là (2) et Il y a là (3), les trois datées de 1992. Ce travail a été réalisé à une époque antérieure à la constitution de son duo d’artistes avec Alain Clairet. À cette période, le langage tient une place centrale dans la pratique d’Anne-Marie Jugnet. Ses œuvres sont alors composées de tirages, de dessins ou de peintures où sont écrites des formulations lapidaires au caractère volontairement énigmatique. Rien ne vient (1991), S’ils se souviennent (1991) ou encore Il y a toi (1991) sont quelques exemples de ces énoncés laconiques et insolubles. Ils semblent tous fonctionner comme des amorces de récits laissant au spectateur non seulement de multiples choix d’interprétations possibles mais également, peut-être, le soin d’en compléter le développement.
Il y là (1) procède de cette même réduction du langage poétique à sa plus simple expression, radicalisant encore davantage le principe du haïku. La mention « Il y a là » est considérée par l’artiste comme « un instrument de désignation, un point comme origine ». Cet énoncé réflexif, indiquant autant son propre emplacement dans l’espace de l’œuvre (il y a là « il y a là ») que l’œuvre elle-même dans le contexte de l’exposition, semble nous rappeler in fine, comme l’artiste conceptuel Joseph Kosuth auparavant l’avait déclaré, que « l’art est une tautologie ».