Alain Séchas
Papa
1995
Bois, plastique, métal, acrylique sur toile
160 x 200 x 200 cm
L’installation Papa est la première réalisation d’une œuvre qui aboutira la même année à l’ensemble des Papas – cinq installations similaires où les squelettes adoptent différentes positions – présenté lors de la XXIIIe Biennale Internationale de São Paulo en 1996. Cette mise en scène d’éléments ready-made exploite quelques thématiques récurrentes de l’artiste. On y retrouve une allusion à la salle de classe, déjà présente dans le Professeur Suicide (1995), et au portrait du père devant lequel est assis l’écolier du Chat écrivain (1996) et qui apparaît dans de nombreux dessins.
Dans une œuvre marquée par la complexité métaphorique, l’artiste révèle son regard critique sur les rapports père-fils et professeur-élève. La violence sous-jacente ou explicite de ces rapports – qui renvoie au mythe œdipien – est ici matérialisée par le contraste entre la naïveté du portrait peint et la valeur funèbre du squelette – non pas celui du père mais celui du fils… Le pouvoir du père sur les fils conduit ces derniers, soit à se soumettre, soit à se révolter, mais aussi à être dans le va-et-vient propre à tout processus d’émancipation. On peut voir ce travail comme le souvenir mélancolique de l’artiste pour les générations qui l’ont précédé et dont sa génération s’est détachée pour trouver son autonomie, pour mourir à ce qu’on attendait d’elle. L’œuvre fait bien sûr aussi référence à la question de la mort de la peinture de chevalet mais peut-être aussi à la nostalgie (postmoderne) du tableau. Elle évoque enfin « l’intervalle entre l’art et la vie » (Patrick Javault, Alain Séchas, Paris, Hazan, 1998), cette distance entre la vie « humaine » de l’artiste et la postérité de son art au-delà de son passage sur terre.