Hubert Marcelly
Paille
1984
33 éléments posés au sol et inclinés contre le mur
Tôle d'aluminium profilée recouverte de papier mâché
230 x 530 x 120 cm
Paille fait partie des premières œuvres d’Hubert Marcelly, représentatives, selon les mots de François-Yves Morin, d'une « sculpture placée sous le signe de l'installation1 ». La même année, Marcelly présente à la Maison de la Culture de Grenoble des éléments de la salle d'exposition reproduits au sol avec de la sciure. Ici le matériau employé, l'aluminium profilé alors cher à l'artiste, n'est pas laissé brut mais recouvert de papier mâché afin de transformer – ou de
« commuer » pour reprendre un mot que l'artiste inscrit sur une œuvre plus tardive (Marteau de survie, 1996) – un composant industriel en élément végétal. Le mot, qui désigne aussi une couleur, évoque la modestie et la fragilité, à l'image des tôles simplement posées contre le mur en un équilibre précaire, qui semble prêt à s’effondrer au moindre coup de vent.
La référence au monde rural, que l'on retrouve ultérieurement dans les titres Jachère (2013) et Assolement (2013), n'est pas anodine pour un artiste né à Taninges, petite commune de Haute-Savoie bordée par la ligne des massifs alpins. Paille dessine à même le mur la silhouette d'un paysage abstrait, horizon du champ ou de la montagne. Un exercice du regard où, selon le proverbe, il faut peut-être retirer la paille pour voir la poutre.
1 François-Yves Morin, « Plutôt le temps du questionnement », in Hubert Marcelly : Bas-reliefs 1986-87, catalogue de l'exposition au Musée Hébert, La Tronche/Grenoble, 1987.