Veit Stratmann
La Nacelle
1997
Structure tubulaire démontable en acier non peint
Acier brut
750 x 700 cm
Cette œuvre a été réalisée dans le cadre d'une exposition collective à la Tour de Purgnon à Die1. Comme souvent avec Veit Stratmann, le contexte prend une grande importance dans la conception de l’œuvre. Ici la sculpture, sorte de grande balançoire célibataire, évoque par contraste la Tour, bâtiment dont la fonction principale est de permettre un point de vue circulaire et lointain, quand, à l'inverse, le point de vue depuis depuis la nacelle, centralisé et à peine surélevé par rapport au sol, ne permet qu'une vision à courte portée.
Lors de l'exposition Sculpture contemporaine (2001-2002) l’œuvre était installée dans la cour des Subsistances à Lyon, chacun des quatre pieds tubulaires de la pyramide prenant appui à l'angle de carrés de terre plantés d'arbres. La régularité géométrique de la structure soulignait ainsi la précision du tracé d'aménagement du « mobilier urbain » d'une place fraîchement pavée avec, on l'imagine, autant de rigueur. La sculpture enjambait un chemin suggéré au sol par l'absence de pavement et dont la nacelle, suspendue au beau milieu, entravait le passage.
Une personne seule peut se tenir debout dans la cabine, ce qui a pour double effet de de l'exposer aux regards des autres et d'offrir au visiteur suspendu un point de vue particulier mais anecdotique : ce « point de vue de nulle part2 » cher à Stratmann, qui place le spectateur-visiteur dans une position d'intersubjectivité, permettant de combiner un point de vue objectif à une expérience subjective et singulière. Autrement dit, le visiteur qui choisit de monter dans la nacelle prend conscience d'être en même temps spectacle et spectateur, le regardeur et celui qui est regardé.
1 À l'invitation de Yannick Miloux.
2 D'après le titre du livre de Thomas Nagel, Le point de vue de nulle part. Paris : Éditions de l'éclat, 1993.