Eva Barto
Ouroboros
2016
Ensemble de 20 enveloppes réutilisées, courrier émis et reçu par gb agency
Chaque enveloppe contient deux éléments de la maquette du projet All In
Pièce unique
Présentée lors de l'exposition The Infinite Debt à la galerie gb agency, Ouroboros fait partie de l'ensemble de traces laissées par la Trust, une société fictive créée par Eva Barto. L'artiste a envoyé des courriers à sa firme offshore, enregistrée à l'adresse de gb agency ; la firme n'étant pas opérationnelle, le courrier est retourné à l'expéditeur, c'est-à-dire la galerie. Barto emploie un outil courant des services administratifs des grandes compagnies. Le courrier, enregistré et redistribué par le service postal, permet en effet de produire des preuves juridiques en cas de litige. Paradoxalement, les courriers témoignent autant des activités de la société que de son inexistence. On peut en outre imaginer que la liquidation des traces de la société passe par la dispersion des fragments qui la constituent, éparpillés sous forme d’œuvres dans différentes collections (quand Julien Prévieux effectue le mouvement inverse avec Forget the Money, en achetant aux enchères l'ensemble de la bibliothèque de Bernard Madoff saisie par le FBI).
Chaque enveloppe contient deux éléments de la maquette du livre All In. An Anthology of Gambling (2016), ce qui ajoute une couche de sens supplémentaire et vient redoubler la notion de circuit fermé. All In tient la comptabilité d'une bourse de production jouée au casino et dont les gains ont servi à financer la publication. Là encore, le processus de l’œuvre se retourne sur lui-même, avec dans l'intervalle un endettement sans cesse différé. En misant sur la circularité (comme le symbolise l'ouroboros, le serpent qui se mord la queue), Barto reconduit l'idée d'une dette temporaire perpétuelle, d'où une « dette infinie ».