Les premiers travaux dénonçaient violemment l'utilisation de l'image de la femme par l'art et la publicité de l'époque (années soixante). Martha Rosler utilisait pour cela aussi bien la technique du collage-pamphlet que la vidéo (parmi les premières) avec une ironie qui tranchait au début des années soixante-dix sur les productions vidéo de l'époque.
Cette première charge critique s'est ensuite étendue au rôle et à l'image sociale de la femme dans la société américaine, engluée par ailleurs dans une guerre du Viêt-Nam à la fois revendiquée et refoulée.
Les femmes cumulent donc les pesanteurs d'un pays conservateur, d'un pays en guerre, d'un système médiatique qui utilise la femme comme un pur objet d'attraction, et d'un milieu de l'art qui n'a jamais imaginé que la femme puisse être artiste. Il était donc naturel que les mouvements fémnistes radicaux trouvent des alliées dans l'art. Les œuvres-manifestes de Martha Rosler rejoignent les travaux d'Eleanor Antin, Ida Appleborg, Adrian Piper, Carolee Schneemann, Joan Jonas, Joyce Kozloff, Nancy Spero ou Nancy Holt.
La fin des années soixante, aux États-Unis plus qu'ailleurs peut-être, ont donc été aussi celles de la revendication d'une fonction nouvelle dans l'art - la fonction critique - et d'un rôle nouveau pour l'artiste et le créateur. Gordon Matta-Clark, Dan Graham, Hans Haacke, Michael Asher, sont parmi les précurseurs de ce renouveau et ce n'est pas par hasard qu'ils ont été montrés à l'Institut d'art contemporain très largement.
Mais le travail de Martha Rosler déborde largement la question du féminisme : il s'est en effet porté, plus récement, sur l'examen de tous les contextes vrais, et notamment sur les contextes quotidiens, urbains, et donc sociaux.