Née en 1953 à Strasbourg (France)
Vit et travaille à Arles et à Marseille
Francine Zubeil est diplômée de l’École des arts décoratifs de Strasbourg. Photographe, vidéaste, mais aussi designer graphique, elle s'illustre par la fabrication de livres d'artiste. En 1989 elle fonde à Marseille les éditions de l'Observatoire, puis en 1999 la Fabrique du sensible, consacrée à l'édition d'artistes. Elle a exposé, entre autres, à New York, à Almere (Pays-Bas), à Arles et à Marseille.
Le travail plastique de Francine Zubeil se développe en étroite relation avec son activité éditoriale, donnant lieu notamment à de nombreux livres d’artiste, par lesquels elle développe un vocabulaire formel précis. L’image et le texte se déploient tantôt dans l’espace du livre, tantôt dans l’espace d’exposition, impliquant des changements d’échelle. L’inversion en négatif de photographies (trouvées ou prises par l’artiste) et la transparence sont caractéristiques du travail de Francine Zubeil ; procédés qui confèrent à ses œuvres une apparence de spectralité, de rémanence de la mémoire.
La plupart de ses interventions se placent à la limite entre l’extérieur et l’intérieur, au point de rencontre de l’espace public et privé, c’est-à-dire sur les vitrines des lieux d’exposition. Endroit sensible s’il en est, puisque confronté à un double regard, celui du passant lambda et celui de l’amateur d’art, mais aussi un recto et un verso. Comportant parfois un simple texte qui vient se superposer à l’accrochage présenté en arrière-plan, l’œuvre peut également masquer partiellement ou entièrement la vitrine (La distance a disparu, 2012). Pour cela, Francine Zubeil se sert de blanc de Meudon, utilisé pour recouvrir les vitrines pendant des travaux, mais aussi pour les décorer pendant les fêtes. Chaque espace (intérieur et extérieur) devient alors invisible pour l’autre.
Ce jeu entre opacité et transparence est également très présent dans ses livres, en particulier avec l’utilisation du papier calque pour les pages : dans Panique générale (1993), l’image énigmatique d’une jeune femme est imprimée en noir et blanc avec un texte en couleur sur du papier calque. L’image se répète de page en page, parfois en miroir, pendant que le texte produit une narration fragmentée. Ici la transparence est uniquement visuelle : l’ensemble n’évoque que le secret, le non-dit, l’intime. Francine Zubeil semble ainsi nous mettre en garde contre la prétendue transparence du langage, et pointer le rapport biaisé entre texte et image.