Née en 1913 à NEW YORK (ÉTAT de new york, ÉTATS-UNIS)
Décédée en 2009 à New York
À l’instar de Walker Evans, Robert Frank ou encore Lee Friedlander, Helen Levitt est une des grandes figures de la street photography (photographie de rue) américaine. Ayant vécu toute sa vie à New York, elle a également consacré l’ensemble de son œuvre à capter l’effervescence de la mégalopole américaine, la vie quotidienne de ses habitants et plus particulièrement celle des enfants des quartiers de Harlem, Brooklyn et du Lower East Side. Son travail a été exposé dans de prestigieuses institutions telles que le MoMA de New York dès 1943, à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris ou encore lors d’une grande rétrospective à l’occasion des Rencontres d’Arles à l’été 2019.
À la fin de ses études à la New Utrecht High School de Brooklyn, Helen Levitt abandonne l’école et se forme dès 1930 auprès d’un photographe commercial du Bronx dont elle est d’abord l’assistante puis l’opératrice. Ses rencontres avec Henri Cartier-Bresson et Walker Evans, dont elle est l’assistante entre 1938 et 1939 – notamment pour une série sur le métro new-yorkais, caméra cachée sous son manteau – ont un impact décisif sur sa vocation et sa méthode. L’achat de son premier appareil photo, le fameux Leica 35mm, en 1936 lui permet de saisir les dessins à la craie des enfants des rues à qui elle enseigne l’art. Cette série, l’une des plus célèbres de la photographe, a été compilée dans un livre intitulé In the Street : Chalk Drawings and Messages, New York City, 1938-1948 et publié en 1987. Si Evans lui apprend la rigueur documentaire, c’est une recherche de la scène unique et de l’ « instant décisif » cher à Cartier-Bresson qui prédomine chez elle. L’intérêt qu’elle porte aux graffitis de gamins livrés à eux-mêmes dans les rues des quartiers populaires doit beaucoup à l’influence qu’ont exercée sur elle le Surréalisme et Eugène Atget. Hormis une brève escapade au Mexique en 1941 avec Cartier-Bresson et Evans, New York reste l’unique théâtre du travail d’Helen Levitt, en particulier ses quartiers défavorisés car la vie y est selon elle « socialement riche et visuellement intéressante ». Elle coréalise même avec Janice Loeb et James Agee un court-métrage intitulé In the Street (1943-52), où elle injecte à son approche naturaliste de courtes séquences de fiction.
Davantage reconnue pour son travail en noir et blanc, Levitt reçut néanmoins une bourse Guggenheim en 1959 et 1960 pour étudier les techniques de la photographie couleur. Ce travail couleur, moins connu du grand public à l’exception de quelques célèbres clichés, a également souffert du vol de l’ensemble de ses premières prises de vues au début des années 70. Si les habitants de New York et leur énergie continuent de la captiver, elle revient malgré tout continuellement au thème qui a traversé toute son œuvre : l’enfance, sa joyeuse anarchie, ses jeux et secrets. Helen Levitt n’a eu de cesse jusqu’à la fin de sa vie d’arpenter en solitaire et en esprit libre les trottoirs de sa ville, immense scène où la fantaisie et l’impromptu peuvent surgir à chaque coin de rue.