Né en 1960 à Sallanches (France), vit et travaille à Lyon (France)
Après une formation aux Beaux-Arts de Paris de 1978 à 1981, Marc Desgrandchamps (né en 1960) est devenu un des peintres majeurs de la scène artistique française. Son œuvre a constamment cherché à renouveler le vocabulaire de la peinture figurative et à en éprouver les limites tant par son inventivité plastique que par sa manière singulière d’y injecter et brasser histoire de l’art, photographie et cinéma. Il a par ailleurs bénéficié de nombreuses expositions comme au Musée d'art contemporain de Strasbourg (2004), au Musée d'art contemporain de Lyon (2004), au Centre Georges Pompidou (2006) ou encore au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2011). Plus récemment, Marc Desgrandchamps a été invité à exposer à la bibliothèque de l’ENS Paris (2015), au Musée des Beaux-Arts de Caen (2017), au Centre d’Art Nomade de Toulouse (2019).
Citant Althusser, il décrit son œuvre comme « un processus sans sujet ni fin » comme si, chez lui, rien n’était jamais fixé ou définitivement acquis. Ses premiers travaux, marqués par l’influence de quelques uns des grands peintres du XXe siècle (de la Pittura Metafisica de Giorgio de Chirico à Max Beckmann en passant par Kasimir Malevitch), sont organisés autour des thèmes classiques de la peinture comme le portrait ou la scène à caractère historique. À travers l’évocation d’un couple dans sa toile Sans titre de 1987 s’exprime par exemple son intérêt pour Picasso, notamment dans le traitement de la figure humaine.
Sa peinture évolue par la suite en faisant place à des thèmes plus sombres, dans des scènes de guerre où sourd une inquiétude nouvelle, témoignage d’une conscience de la précarité de l’existence. Dans le diptyque Les effigies (1995), il s’empare du thème classique de la peinture de paysage pour y faire surgir deux têtes de chevaux imposantes au caractère quelque peu menaçant. La culture visuelle de l’époque, la photographie et le cinéma, vient à prendre une place de plus en plus prépondérante dans sa peinture. Il emprunte au vocabulaire du cinéma une esthétique du montage (faux-raccords, fondus enchaînés, travellings) qu’il reconduit parfois au sein d’un même tableau (Sans titre, 2007) ou à la manière d’une séquence dans des diptyques ou triptyques, comme avec ces femmes marchant dans la rue dans Sans titre (2007). Travaillant à partir de sources photographiques, Desgrandchamps semble tout autant interroger la question du réalisme en peinture (comme Gerhard Richter en son temps) qu’à s’en jouer dans certaines compositions fantasmatiques, voire d’inspiration surréaliste (Sans titre, de 2007 où cheval et femmes apparaissent comme en lévitation).
Une constante apparaît aussi dans son œuvre et y occupe peu à peu une place centrale, celle d’une figure féminine, souvent magnifiée et monumentale dont l’allure calme et ordinaire occupe ces scènes de plages, avec baigneuses et serviettes au vent (Sans titre de 2004 et 2006, ainsi que Sans titre (Gradiva) de 2008), devenues autant de motifs immédiatement identifiables de sa peinture. Sa technique est faite de jeux de coulures et de transparences qui, outre leurs saisissants effets plastiques, rappellent combien sa peinture s’élabore par réminiscences d’images ou de sensations, faisant naître ça et là nombre de figures aussi étrangement présentes que fantomatiques.