Né en 1965 à Caen (France)
Vit et travaille à Paris (france)
La démarche de Pierre Joseph se nourrit d’une multitude de références contemporaines, de la science-fiction à la Play-Station en passant par la culture techno. Son œuvre est conçue en lien avec l’espace et le temps et dans une superposition de la réalité et de la représentation. Jouant sur une interactivité ludique, l’artiste fait de l’exposition l’expression d’une dynamique, d’une confrontation, d’une expérience.
Depuis 1991, Pierre Joseph met en scène des personnages, inspirés de contes de fées, de jeux de rôles, du cinéma, de la publicité ou de la vie contemporaine. Ces personnages apparaissent physiquement, par exemple lors de vernissages d'expositions collectives . Le lendemain de leur présentation, ils sont remplacés par leur trace photographique et deviennent alors des personnages « à réacti-
ver ». En tant que présences vivantes, les personnages à réactiver de Pierre Joseph s'inscrivent dans une histoire de la sculpture vivante, avec les artistes qui ont utilisé le corps en acte comme matériau de l’œuvre et œuvre elle-même dès les années 1960-1970 (Ben, Gilbert & George et leurs living sculptures, Jannis Kounellis, Piero Manzoni, etc.).
La production artistique de Pierre Joseph se place en résonance à la célèbre déclaration de Marcel Duchamp, « ce sont les regardeurs qui font les tableaux », laquelle a connu une nouvelle postérité durant les années 1990 avec une forme d’art cristallisée sous le terme d’« esthétique relationnelle » par Nicolas Bourriaud. Définie alors comme un « objet relationnel », l’œuvre d’art génère de nouveaux dialogues, entre l’artiste et le public, entre le public et l’œuvre, entre les différents acteurs de la société, à l’intérieur mais aussi en dehors des contextes de production artistique.
Pierre Joseph prône une œuvre ouverte, propice par exemple à une relecture par d’autres. Ainsi en 2007, lors de la Biennale d’art contemporain de Lyon, dont il était l’un des « joueurs » commissaires invités, il a proposé à dix artistes « de produire au plus près, un remastering de l’une de ses pièces, au plus loin, une idée d’idée d’idée, avec le vague souvenir d’être parti de l’un de mes travaux pour en produire un autre ».
Dans cet esprit, Pierre Joseph a développé un projet de « catalogue perceptuel », plus exactement une base de données autour de son travail, qui a pour vocation de recueillir des commentaires, des critiques et des impressions, en vue de réaliser un catalogue complet des multiples interprétations possibles du travail artistique. L’artiste produit également de nombreux écrits, dans différentes publications ou à l’occasion de conférences, rassemblés dans sa première monographie parue à titre de catalogue raisonné, aux Presses du réel en 2011.
En 2019, Pierre Joseph participe à l’exposition du Palais de Tokyo, Futur, ancien, fugitif, consacrée à « une scène française ». Il y présente d’immenses séries photographiques d’éléments comestibles (blé, pommes de terre, mûres…), des images répétitives, sans humains, par lesquelles l’artiste « évacue le moi » et se « dépossède un peu de la question du point de vue1 ».
1 Interview de Pierre Joseph, Palais de Tokyo, en ligne : https://palaisdetokyo.com/ressource/interview-pierre-joseph-artiste-de-lexposition-futur-ancien-fugitif/